Dans cet article, M. Neil Parmenter, président et chef de la direction de l’ABC, affirme que les banques au Canada sont fin prêtes à investir énergie et ressources pour établir le modèle fédéré d’un système d’identité numérique au pays.

Version originale sur le site de Policy Options : http://policyoptions.irpp.org/magazines/february-2019/canada-needs-robust-digital-id-system/

Modèle d’identité numérique fédéré au Canada

Neil Parmenter, président et chef de la direction, Association des banquiers canadiens

Dans notre monde actuel du numérique, et où l’une des tâches fondamentales des gouvernements demeure l’établissement de notre identité et ce à quoi nous sommes admissibles, le concept de gouvernement numérique, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’identification, devrait être bien accueilli.

Malgré les formidables progrès technologiques, qui ne cessent de s’accélérer au fil des ans, l’établissement de notre identité pour nos transactions quotidiennes avec les services publics, les entreprises et autres dépend toujours d’un modèle analogique. Mais il existe une solution moderne à cette question. En effet, le secteur bancaire est très bien placé pour soutenir la création d’un système d’identité numérique qui révolutionnera notre façon d’utiliser les données personnelles pour interagir avec le monde.

Le système actuel est déficient dans trois principaux volets. Premièrement, il est désuet. Il repose souvent sur des documents papier, comme le permis de conduire ou la facture d’électricité, des documents qui peuvent être contrefaits ou volés pour servir à commettre de la fraude. Également, les transactions en personne placent un fardeau sur les résidents de collectivités éloignées et les personnes à mobilité réduite, qui devront faire de longs déplacements pour conclure une simple transaction et avoir accès à des services essentiels.

Deuxièmement, le système actuel a recours à des solutions technologiques un peu bancales. L’identification en ligne à deux étapes (nom d’utilisateur et mot de passe), par exemple, peut être facilement compromise, sans parler du nombre de coordonnées de connexion qu’une personne doit mémoriser.

Troisièmement, ce système est un boulet pour l’économie. Les méthodes inefficaces d’établissement de l’identité ralentissent les opérations, ajoutent de l’incertitude et engendrent des coûts. Beaucoup de pays à travers le monde se rendent compte que cette situation est insoutenable et explorent les avantages de l’intégration de systèmes d’identité numérique.

Dans un système d’identité numérique, une combinaison du système existant et de nouveaux outils, comme la biométrie, servira à vérifier l’identité. Vu le nombre croissant de personnes qui accèdent en ligne aux services et aux produits, ou utilisent des appareils mobiles, le Canada est prêt à adopter son propre système solide d’identité numérique.

Deux récents rebondissements ont donné plus d’élan à cette idée. D’abord, les mises à jour apportées à la Loi sur les banques autorisent expressément les banques à fournir désormais des services d’identification, de validation et d’authentification. Il s’agit d’un moyen moderne de reconnaître ce qui a toujours été vrai au sujet des banques : elles connaissent leurs clients, elles connaissent la situation financière de leurs clients, et elles peuvent témoigner des deux. Traditionnellement, les banques rédigeaient plutôt une lettre d’introduction afin d’aider le client à bien mener une affaire personnelle ou commerciale dans un endroit éloigné. L’aval d’une banque crée de la confiance entre étrangers.

Ensuite, l’ABC a publié un livre blanc décrivant un plan pour concrétiser l’identité numérique au Canada. En développant le cadre de ce qui pourrait fonctionner au Canada, nous avons tenu compte des caractéristiques uniques de notre pays, de ses institutions avancées et de ses infrastructures de pointe.

Nous réclamons un système d’identité numérique fédéré au Canada, car un tel système s’alignerait sur notre structure politique nationale. Un modèle fédéré fonctionnerait par la création d’un lien entre les systèmes fédéraux et provinciaux de gestion de l’identité. Actuellement, l’identité est divisée entre de multiples régimes isolés : le gouvernement fédéral conserve les données relatives à votre assurance sociale et à votre passeport; votre gouvernement provincial conserve les données relatives à votre carte santé et à votre permis de conduire.

La première étape de notre modèle préserve ces systèmes distincts, mais en connecte les éléments disparates pour que l’identité d’un individu puisse être confirmée électroniquement en combinant différents attributs. La vérification instantanée de l’identité d’un individu au moyen de multiples points de référence numériques est bien plus sécurisée que le recours, par exemple, à un permis de conduire sous forme de carte plastique qui aurait pu être falsifiée. Puisque le système numérique est interconnecté, mais décentralisé, les menaces pouvant compromettre les données sont éliminées.

La deuxième étape consiste à recueillir les capacités du secteur privé. Ainsi, il sera possible de développer un système d’identité numérique sans devoir assumer les coûts et les risques inhérents à la création d’une infrastructure complexe à partir de zéro. Les banques du Canada ont des activités à l’échelle du pays et partout dans le monde. Nous disposons de solides systèmes numériques interconnectés, auxquels les citoyens peuvent accéder à partir d’une succursale, d’un guichet bancaire, de leur ordinateur de maison et d’un appareil mobile. Ces réseaux fonctionnent 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Plus important encore, les banques sont déjà tenues de respecter des normes élevées lorsqu’il s’agit de recueillir et de conserver les renseignements personnels des clients. Elles sont assujetties à une surveillance rigoureuse afin de veiller à ce que ces données soient conservées de façon précise et sécurisée, du début à la fin.

La troisième étape de notre modèle fédéré implique l’adoption de mesures législatives permettant aux entreprises et au gouvernement d’accepter l’identité numérique. Dans le cadre de la législation sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes, les banques sont tenues de connaître leurs clients. Elles doivent donc recueillir et conserver minutieusement les renseignements personnels et financiers conformément à des règles strictes. Il est vrai que certaines conditions de la législation mentionnée ont été modifiées afin de permettre la vérification de l’identité à distance. Toutefois, l’identité papier reste enracinée dans ces règles.

Nous croyons à la collaboration avec le Conseil du Trésor, le ministère des Finances, le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, ainsi que d’autres ministères et organismes gouvernementaux, en vue d’explorer les moyens de tenir compte de la technologie des temps modernes. Afin de pouvoir mettre en place un système efficace d’identité numérique au Canada, nous devons être ouverts aux méthodes modernes de vérification de l’identité, comme le recours à l’examen de documents par vidéo en direct, aux chaînes de blocs, aux données biométriques ainsi qu’à d’autres outils dont l’usage s’est répandu dans d’autres sphères de l’économie. Ces méthodes ont le potentiel de prouver l’identité d’une personne de façon plus sécuritaire et précise que le fait de montrer une carte d’identité. La législation encadrant l’identité numérique doit s’appliquer de façon égale, peu importe la technologie utilisée, pour que l’identité numérique puisse évoluer au même rythme que la technologie.

Le besoin pressant d’un système d’identité numérique se fera sentir davantage maintenant qu’Ottawa explore la possibilité d’un système bancaire ouvert, que la modernisation de notre système de paiements est en branle, et que les chaînes de blocs et l’intelligence artificielle ouvrent de nouveaux horizons. Les banques sont prêtes à investir énergie et ressources pour bâtir un modèle fédéré au Canada.

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